LA FIN DE VIE, MIROIR DE NOS EQUILIBRES PERDUS : UNE REFLEXION SELON L’EQUILIBRISME
LA FIN DE VIE, MIROIR DE
NOS EQUILIBRES PERDUS : UNE REFLEXION SELON L’EQUILIBRISME
Par Henri Barbeblanche
« Toute fin, si elle est comprise,
devient passage. Et tout passage, s’il est accueilli, devient offrande. » —
Henri Barbe-Blanche
1. REGARDS
PHILOSOPHIQUES SUR LA FIN DE VIE
La fin de vie a toujours
été au cœur des questionnements philosophiques. De Socrate buvant la ciguë en
paix à Camus s’interrogeant sur le sens de l’absurde, la mort n’a cessé d’être
une énigme, un défi, parfois une révolte.
Kant, figure du devoir
moral, considère que l’être humain ne peut disposer de sa vie comme d’un objet.
Pour lui, se donner la mort — ou en aider autrui — serait nier la dignité de la
personne comme fin en soi. À l’opposé, les penseurs utilitaristes, comme
Bentham ou Singer, estiment que prolonger inutilement la souffrance peut
devenir un acte immoral. Le critère est ici le bien-être, la douleur, la
volonté éclairée de l’individu.
L’existentialisme, porté
par Sartre ou Simone de Beauvoir, replace la décision dans les mains de
l’individu : c’est l’authenticité de la démarche personnelle face à une
condition absurde qui prime. Mourir peut-être un acte de liberté — ou un déni
de soi. Il n’y a pas de réponse universelle, seulement des choix à assumer dans
la lucidité.
2. LES
VISIONS RELIGIEUSES : ENTRE SACRALITE ET COMPASSION
Les grandes traditions
religieuses expriment un respect fondamental pour la vie, souvent vue comme un
don divin ou une mission spirituelle.
• Christianisme :
la vie appartient à Dieu. Toutefois, la souffrance n’est pas glorifiée: les
soins palliatifs sont un droit, et l’acharnement thérapeutique peut être
rejeté.
• Islam : la fin de
vie doit être confiée à la volonté divine. Mais l’arrêt des traitements
disproportionnés est permis, si la douleur est ingérable.
• Bouddhisme : la
compassion est centrale. L’intention, la conscience et le karma sont scrutés :
toute vie est précieuse, mais soulager une agonie peut devenir un acte juste.
• Hindouisme : la
mort s’inscrit dans le cycle du samsara. Perturber ce cycle peut être néfaste
pour l’âme, mais l’action désintéressée pour soulager autrui est aussi louée.
• Judaïsme : la
préservation de la vie est sacrée, mais l’acharnement à maintenir une vie sans
dignité peut être perçu comme contraire à l’éthique divine.
3. LA
SOCIETE CONTEMPORAINE FACE A LA FIN DE VIE
Aujourd’hui, la fin de
vie est aussi une question sociétale et morale majeure, marquée par plusieurs
tensions :
• Vieillissement
démographique : les sociétés occidentales vivent plus longtemps, avec une
hausse des pathologies dégénératives. Le droit de choisir sa fin s’impose comme
un débat citoyen.
• Perte de repères
communautaires : là où autrefois la famille, la religion ou les anciens
guidaient le passage de la vie à la mort, les individus sont aujourd’hui
souvent seuls face à ces décisions.
• Exigence de
dignité : l’idée de mourir dans la douleur, dans la solitude ou sans contrôle
sur sa vie révolte de plus en plus. La notion d’« euthanasie » ou d’« aide
active à mourir » est ainsi portée par des revendications d’autonomie.
• Débat moral :
beaucoup s’interrogent : faut-il permettre à chacun de choisir sa fin ? Ou
risque-t-on d’ouvrir une brèche éthique, où la vie perdrait sa valeur devant
l’utilité ou le confort ?
La société n’a pas
tranché. Elle vacille entre la peur de dérives individualistes et la
reconnaissance du droit à une mort douce, humaine et choisie.
4. LA
VISION EQUILIBRICIENNE DE LA FIN DE VIE
L’équilibrisme,
philosophie du juste milieu vivant, enseigne que la mort ne peut être vue ni
comme une ennemie, ni comme une fuite. Elle est une transformation énergétique,
un passage d’un état d’équilibre à un autre.
Le choix de mettre fin à
sa vie, ou d’accompagner quelqu’un dans ce chemin, ne peut être ni automatisé
ni dogmatisé. Il doit être réinscrit dans une éthique de l’harmonie :
• Harmonie avec soi
: suis-je dans une clarté intérieure ou dans une douleur opaque ? Suis-je en
paix avec mes choix ?
• Harmonie avec les
autres : ai-je été entendu, entouré, aimé dans cette décision ? Ai-je écouté
mes proches ?
• Harmonie avec
l’univers : ai-je pris le temps de me relier à quelque chose de plus vaste que
moi — que ce soit Dieu, la nature, l’énergie universelle ?
L’équilibrisme propose
des invocations de passage, non pas comme des prières confessionnelles, mais
comme des ponts entre les mondes, comme un appel à l’équilibre ultime, celui de
l’acceptation.
CONCLUSION :
MOURIR EN EQUILIBRE, C’EST AUSSI VIVRE EN CONSCIENCE
La fin de vie est une
épreuve, mais aussi une initiation. Elle met à nu nos fragilités, nos
croyances, nos silences. Qu’on la vive ou qu’on l’accompagne, elle nous invite
à poser une seule question : « Suis-je en paix avec ce qui est ? »
L’équilibrisme ne donne
pas de mode d’emploi, mais un chemin de justesse intérieure, pour que chaque
être, dans le respect de ses croyances, puisse trouver la posture la plus
alignée face à l’ultime transformation.
Henri BarbeBlanche
Philosophe, écrivain, créateur de la philosophie de l’Équilibrisme
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