« L’équilibre vacillant, ou l’art d’épouser la vague »

 



« L’équilibre vacillant, ou l’art d’épouser la vague »

Par Henri Barbeblanche 

 

L’on m’a souvent demandé : « Henri, que signifie réellement être équilibré ? »

Et j’ai vu dans les yeux de ceux qui me posaient la question une attente fébrile : celle d’une méthode, d’un état stable, d’une réponse définitive. Hélas — ou devrais-je dire heureusement — l’équilibre n’est rien de cela.

 

Être équilibré, ce n’est pas tenir debout sans bouger, ni figer son âme dans une posture éternelle de calme.

C’est au contraire se mouvoir avec le réel, danser avec la vie, accueillir les instabilités comme les oscillations naturelles de l’existence.

 

Le monde nous pousse à croire qu’il faut maîtriser la vague pour vivre en paix.

Mais en vérité, la paix ne réside pas dans la maîtrise. Elle se niche dans la souplesse.

Dans cette capacité silencieuse à ne plus résister aux courants, mais à apprendre leur langue, leur souffle, leur rythme.

 

L’équilibre équilibricien est donc vacillant par essence.

Il ne s’atteint pas, il se ressent.

Il ne s’impose pas, il s’éprouve.

Il n’est pas un but, mais une façon de traverser.

 

Imagine une branche de saule penchée au bord du torrent.

Elle plie, frémit, épouse le vent, mais ne rompt pas. Elle est souple et vivante.

L’équilibricien, dans son cœur, est comme cette branche : il ne se cabre pas contre le tumulte. Il s’incline, non par faiblesse, mais par intelligence du vivant.

 

Et c’est peut-être là, dans cette acceptation profonde de la vacillation, que naît l’énergie la plus stable :

celle qui n’a plus peur de perdre l’équilibre, parce qu’elle a compris que l’équilibre, c’est le mouvement.

 

Alors, chers sœurs et frères équilibriciens, je vous invite à ne plus vous crisper pour trouver la stabilité.

Je vous invite à vous ouvrir à l’instabilité comme voie sacrée.

À accueillir chaque vague comme une enseignante.

Et à faire de votre souffle une planche de surf invisible, qui glisse, fléchit, et renaît à chaque instant.

 

Car vivre, ce n’est pas résister au vent.

C’est apprendre à lui faire confiance.

 

Henri BarbeBlanche

Philosophe de l’équilibre humain

Créateur de l’Équilibrisme

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